J.-M. Bonmatin co-auteur d’une lettre dans Science (16 juillet 2021)

Un ensemble de co-auteurs spécialistes des pollinisateurs vient de publier une lettre dans Science (Simon-Delso at al. 2021). Cette lettre est un appel aux Ministres européens pour réagir en responsabilité et réduire les risques toxiques pour les pollinisateurs lors des évaluations des pesticides. Par exemple, si la mortalité naturelle des abeilles domestiques peut atteindre jusqu’à 5%, la communauté scientifique s’accorde sur un taux « acceptable » maximum de 7% pour un pesticide. Accepter 10%, c’est prendre un risque bien trop élevé en regard de la situation déjà catastrophique quant à l’effondrement des pollinisateurs. Du fait de l’importance cruciale de telles décisions pour le la planète et notre futur, les auteurs et l’éditeur ont choisi un style plus direct qu’habituellement pour passer leur message.

Référence : Simon-Delso N, Aebi A, Arnold G, Bonmatin JM, Hatjina F, Medrzycki P & Sgolastra F (2021) Maximize EU pollinator protection: Minimize risk, Science, 373(5552), 290. DOI: 10.1126/science.abj8116




18 mai 2021 – Conférence “Mardis de la science” de Jean-Marc Bonmatin, spécialiste des neurotoxiques

Conférence en ligne organisée par Centre Sciences et le Muséum d'histoire naturelle de Bourges. Connexion

Les études sur les effets des pesticides ont conduit depuis une dizaine d'années à des travaux pour proposer des alternatives efficaces aux pesticides les plus toxiques. Les recherches n'ont pas fait que révéler les risques inacceptables pour les pollinisateurs et les écosystèmes, elles ont proposé une nouvelle approche réaliste des études de la toxicité des pesticides et de nouvelles pratiques et solutions agronomiques déjà mises en œuvre avec succès. Par ailleurs, les recherches ont aussi avancé en ce qui concerne la santé humaine. Il apparaît clairement que ce qui nuit aux abeilles et détruit la biodiversité, finit un jour où l'autre dans nos verres et nos assiettes pour provoquer de graves maladies dont la liste s’allonge d’années en années

Photo : par Adrian Lang de Pixabay

“Biodiversité scepticisme” dans la communauté scientifique ?

Biodiversité scepticisme ?

A partir d’une analyse de séries temporelles sur l'abondance d’espèces d’insectes aux USA, Crossley et al. relevaient dans la revue Nature Ecology & Evolution (août 2020) l’absence de preuve d'un déclin global de l'abondance ou de la diversité des insectes dans ce pays, ceci aussi bien pour les sites en environnement naturel que pour ceux anthropisés. Leur étude qualifiait de rassurante cette apparente robustesse des populations d'insectes aux USA, à contrario d’études récentes faisant état d'une diminution spectaculaire de leur abondance un peu partout sur la planète.

Un consortium pluridisciplinaire incluant des chercheurs d’INRAE, de l’Université de Rennes et du CNRS a cependant identifié dans l’article de Crossley et al. des problèmes majeurs concernant : 1) l'analyse statistique et 2) les incohérences dans la sélection des données. Le consortium démontre, dans un commentaire paru à son tour dans Nature Ecology & Evolution le 5 avril 2021 Desquilbet et al., que ces biais remettent en cause les conclusions de Crossley et al.

C’est ainsi la seconde fois (voir ici) qu’une publication de haut rang minimisant le déclin des insectes fait l’objet de larges critiques méthodologiques. Ces études posent la question d’un « biodiversité-scepticisme » dans la communauté scientifique. Pour mettre en place une protection adaptée de la biodiversité, les décideurs publics ont besoin d’un diagnostic éclairé et non brouillé par des études biaisées et qui ralentissent la prise de décision.

Référence :
Desquilbet M, Cornillon PA, Gaume L & Bonmatin JM (2021)
Matters arising: Adequate statistical modelling and data selection are essential when analysing abundance and diversity trends
Nature Ecology & Evolution doi : https://www.nature.com/articles/s41559-021-01427-x

On en parle : voir INRAE 23/04/2021, Le Monde 24/05/2021, Charlie Hebdo 02/06/2021

 

Etude de l’impact des biocides sur les abeilles avec le concept One Health

Le concept One health relie la santé environnementale, animale (faune sauvage et élevages) et la santé humaine. Il est de plus en plus argumenté (ex : Covid-19) et s’impose aujourd’hui pour la préservation des écosystèmes et de la santé publique. Des chercheurs des université de Louvain (BE), de la Sorbonne-CNRS-IRD-INRAE-UPEC, du CARI (BE), de la FNOSAD et du Centre de biophysique moléculaire, ont décliné ce concept au cas des biocides et produits vétérinaires (dont des pesticides) qui sont utilisés en traitement des élevages et qui impactent les pollinisateurs. Les chercheurs ont montré que ces substances à « multi-usages » présentent (entre autres) des risques avérés pour les abeilles et nécessitent de faire l’objet d’une meilleure évaluation avant leur mise sur le marché. Ces travaux avaient été initiés au CBM en 2019 (voir ici).

Référence :     Mahefarisoa KL, Simon Delso N, Zaninotto V, Colin ME & Bonmatin JM (2021) The Threat of Veterinary Medicinal Products and Biocides on Pollinators: A One Health Perspective, One Health, https://doi.org/10.1016/j.onehlt.2021.100237

J.-M. Bonmatin co-auteur d’une lettre dans Science

Cette lettre est écrite par des membres la Task Force on Systemic Pesticides (www.tfsp.info) dont JM Bonmatin est vice-président. Elle rappelle les principes fondamentaux de la lutte intégrée en agriculture, définis par l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La lutte intégrée favorise d’abord la prévention des risques et permet d’utiliser les pesticides seulement en dernier recours, donc pas en première instance comme dans le cas du traitement prophylactique (ex. : semences enrobées de pesticides). Les auteurs s’inquiètent des suites de la signature récente d’une lettre de collaboration stratégique entre la FAO et CropLife International (BASF, Bayer Syngenta, Corteva…). De fait, les auteurs pointent les différences d’interprétation de la lutte intégrée par CropLife International.

Référence : Kris Wyckhuys, Francisco Sanchez-Bayo, Alexandre Aebi, Maarten Bijleveld van Lexmond, Jean-Marc Bonmatin, Dave Goulson and Edward Mitchell, (2021) Stay true to integrated pest management, Science, 371 (6525), 133. https://doi.org/10.1126/science.abf8072






Déclin des populations d’insectes

Un ensemble de co-auteurs pluridisciplinaires de l’INRAE, du CNRS et de diverses universités (FR, BE & UK) vient de publier un article scientifique dans Science (Desquilbet et al., 2020). Sous la forme d’un Technical comment, l’article relève de très nombreux biais de données et de méthodologie dans une méta-analyse d’avril 2020 publiée dans Science (van Klink et al., 2020). De fait, les conclusions de van Klink et al. sur un déclin plus nuancé des insectes terrestres et sur une augmentation des insectes aquatiques s’en trouvent invalidés. Cette mise au point traduit moins des aspects contradictoires de la recherche, que l’émergence et l’accroissement d’un « biodiversité-scepticisme » qui doit être appréhendé. Ce biodiversité-scepticisme* qui minimise l’impact de l’Homme sur la nature (ex. agriculture & pesticides), rappelle le climato-scepticisme qui avait fait perdre beaucoup de temps pour la prise de décision concernant le climat. J.-M. Bonmatin et ses co-auteurs appellent à davantage de rigueur dans la conduite de telles méta-analyses qui sont à la source de décisions des parties-prenantes sur des enjeux planétaires de première importance.

Référence : Desquilbet M., Gaume L., Grippa M., Céréghino R., Humbert J.F., Bonmatin J.M., Cornillon P.A., Maes D., Van Dyck H. & Goulson D. (2020) Comment on “Meta-analysis reveals declines in terrestrial but increases in freshwater insect abundances”, Science, 370 (6523)

*Voir : The Conversation 2019, Nature 2020, Le Monde 2020 & Libération 2020

On en parle dans la presse : Le Monde 18/01/2021, The Conversation 28/01/2021, Le Monde 30/01/2021, Le Monde 04/02/2021 & CNRS-INEE 08/02/2021

 







Néonicotinoïdes

Un article scientifique faisant le lien entre la contamination des sols par les pesticides néonicotinoïdes et leur présence dans les cheveux aux Philippines, vient d’être publié par Jean-Marc Bonmatin et al. (2020) dans Science of the Total Environment. Cet article s’inscrit dans les recherches faites sur la santé humaine par la Task Force on Systemic Pesticides qui rassemble une soixantaine de chercheurs indépendants (www.tfsp.info & Facebook TFSP). Cet article apporte aussi un éclairage sur les expositions des populations, notamment dans le contexte de la réintroduction possible des néonicotinoïdes pour la culture de la betterave à sucre en France.

L'article est mis en avant par l'Institut de Chimie du CNRS sur son site d'actualités