7e Journée thématique Biotechnocentre – 17 juin 2022

Les chercheurs de biosciences et de chimie du vivant se sont retrouvés « en présentiel » pour la journée thématique de Biotechnocentre portant sur « Exposome et Epigénétique : comment l’environnement se joue de nos gènes ?  ».

Des conférenciers de renom ont décliné les différentes facettes de l’exposome  : expositions physique ou chimique ou à différents pathogènes, stress, alimentation, inégalités sociales... Ils ont aussi mis en lumière l’impact de l’exposome sur l’environnement et sur notre santé, pouvant avoir des conséquences différentes selon le genre, l’âge, le patrimoine génétique et sur sa régulation par des modifications épigénétiques réversibles.

Voir le Livret de la journée (affiche, programme, résumés).

J.-M. Bonmatin co-auteur d’un article faisant le lien entre insecticides néonicotinoïdes et les maladies rénales chroniques d’étiologie indéterminée (CKDu)

Les maladies rénales chroniques (Chronic Kidney Diseases : CKD) sont un fléau qui fait de plus en plus de victimes dans le monde et en particulier dans les pays moins développés où l’agriculture est intensive. Plusieurs facteurs de risques ont été identifiés, mais il subsiste une étiologie indéterminée (CKDu) pouvant être liée aux pesticides (Floris et al., 2021).

J.-M. Bonmatin a participé à une étude au Sri Lanka et publiée dans Scientific Reports fin 2021 (Taira et al., 2021). Même si la dimension de l’étude reste statistiquement modeste, les auteurs (membres de la Task Force on Systemic Pesticides) ont montré que les concentrations de plusieurs insecticides néonicotinoïdes mesurées dans les urines, étaient en lien avec les biomarqueurs Cystatin-C et L-FABP ainsi qu’avec les symptômes neurophysiologiques observés. Les auteurs concluent que les concentrations urinaires de ces néonicotinoïdes seraient un facteur de risque des troubles tubulaires du rein. C’est un élément de plus qui s’ajoute à nos publications précédentes (ex : Ichikawa et al., 2019 et Bonmatin et al., 2021) sur les effets de ces insecticides sur la santé humaine.

Les néonicotinoïdes dits « tueurs d’abeilles » et qui sont à la source d’impacts majeurs sur la biodiversité (invertébrés et vertébrés) restent encore très largement utilisés pour la culture du riz en Asie (Prihandiani et al., 2021).  Ces insecticides sont désormais interdits en France depuis 2018 (sauf pour la betterave sucrière). Ils sont en passe d’être interdits au Sri Lanka.

Référence :  Taira K, Kawakami T, Weragoda SK, Herath HMAS, Ikenaka Y, Fujioka K, Hemachandra M, Pallewatta N, Aoyama Y, Ishizuka M, Bonmatin JM & Komori M (2021) Scientific Reports, 11, 22484.

https://doi-org.inc.bib.cnrs.fr/10.1038/s41598-021-01732-2




J.-M. Bonmatin auteur d’un article du magazine A3-Rayonnement du CNRS

J.-M. Bonmatin a été sollicité par le magazine A3-Rayonnement du CNRS, publié par l’Association des Anciens et des Amis du CNRS, pour un article dans le numéro paru à l'automne dédié à l’environnement et à nos conditions de vie aujourd’hui et demain.

Son article intitulé «To bee or not to bee, l’exemple édifiant des insecticides néonicotinoïdes» résume sur 6 pages la problématique de ces pesticides et de leurs impacts sur l’environnement, la biodiversité et la santé. Plus généralement, il aborde également la thématique de la nécessaire transition écologique en agriculture au travers du prisme réglementaire et sociétal.

Référence : Bonmatin JM (2021) To bee or not to bee. L’exemple édifiant des insecticides néonicotinoïdes, Magazine A3-Rayonnement du CNRS, n°77, pp21-26.

J.-M. Bonmatin co-auteur d’une lettre dans Science (16 juillet 2021)

Un ensemble de co-auteurs spécialistes des pollinisateurs vient de publier une lettre dans Science (Simon-Delso at al. 2021). Cette lettre est un appel aux Ministres européens pour réagir en responsabilité et réduire les risques toxiques pour les pollinisateurs lors des évaluations des pesticides. Par exemple, si la mortalité naturelle des abeilles domestiques peut atteindre jusqu’à 5%, la communauté scientifique s’accorde sur un taux « acceptable » maximum de 7% pour un pesticide. Accepter 10%, c’est prendre un risque bien trop élevé en regard de la situation déjà catastrophique quant à l’effondrement des pollinisateurs. Du fait de l’importance cruciale de telles décisions pour le la planète et notre futur, les auteurs et l’éditeur ont choisi un style plus direct qu’habituellement pour passer leur message.

Référence : Simon-Delso N, Aebi A, Arnold G, Bonmatin JM, Hatjina F, Medrzycki P & Sgolastra F (2021) Maximize EU pollinator protection: Minimize risk, Science, 373(5552), 290. DOI: 10.1126/science.abj8116




18 mai 2021 – Conférence « Mardis de la science » de Jean-Marc Bonmatin, spécialiste des neurotoxiques

Conférence en ligne organisée par Centre Sciences et le Muséum d'histoire naturelle de Bourges. Connexion

Les études sur les effets des pesticides ont conduit depuis une dizaine d'années à des travaux pour proposer des alternatives efficaces aux pesticides les plus toxiques. Les recherches n'ont pas fait que révéler les risques inacceptables pour les pollinisateurs et les écosystèmes, elles ont proposé une nouvelle approche réaliste des études de la toxicité des pesticides et de nouvelles pratiques et solutions agronomiques déjà mises en œuvre avec succès. Par ailleurs, les recherches ont aussi avancé en ce qui concerne la santé humaine. Il apparaît clairement que ce qui nuit aux abeilles et détruit la biodiversité, finit un jour où l'autre dans nos verres et nos assiettes pour provoquer de graves maladies dont la liste s’allonge d’années en années

Photo : par Adrian Lang de Pixabay

« Biodiversité scepticisme » dans la communauté scientifique ?

Biodiversité scepticisme ?

A partir d’une analyse de séries temporelles sur l'abondance d’espèces d’insectes aux USA, Crossley et al. relevaient dans la revue Nature Ecology & Evolution (août 2020) l’absence de preuve d'un déclin global de l'abondance ou de la diversité des insectes dans ce pays, ceci aussi bien pour les sites en environnement naturel que pour ceux anthropisés. Leur étude qualifiait de rassurante cette apparente robustesse des populations d'insectes aux USA, à contrario d’études récentes faisant état d'une diminution spectaculaire de leur abondance un peu partout sur la planète.

Un consortium pluridisciplinaire incluant des chercheurs d’INRAE, de l’Université de Rennes et du CNRS a cependant identifié dans l’article de Crossley et al. des problèmes majeurs concernant : 1) l'analyse statistique et 2) les incohérences dans la sélection des données. Le consortium démontre, dans un commentaire paru à son tour dans Nature Ecology & Evolution le 5 avril 2021 Desquilbet et al., que ces biais remettent en cause les conclusions de Crossley et al.

C’est ainsi la seconde fois (voir ici) qu’une publication de haut rang minimisant le déclin des insectes fait l’objet de larges critiques méthodologiques. Ces études posent la question d’un « biodiversité-scepticisme » dans la communauté scientifique. Pour mettre en place une protection adaptée de la biodiversité, les décideurs publics ont besoin d’un diagnostic éclairé et non brouillé par des études biaisées et qui ralentissent la prise de décision.

Référence :
Desquilbet M, Cornillon PA, Gaume L & Bonmatin JM (2021)
Matters arising: Adequate statistical modelling and data selection are essential when analysing abundance and diversity trends
Nature Ecology & Evolution doi : https://www.nature.com/articles/s41559-021-01427-x

On en parle : voir INRAE 23/04/2021, Le Monde 24/05/2021, Charlie Hebdo 02/06/2021

 

Etude de l’impact des biocides sur les abeilles avec le concept One Health

Le concept One health relie la santé environnementale, animale (faune sauvage et élevages) et la santé humaine. Il est de plus en plus argumenté (ex : Covid-19) et s’impose aujourd’hui pour la préservation des écosystèmes et de la santé publique. Des chercheurs des université de Louvain (BE), de la Sorbonne-CNRS-IRD-INRAE-UPEC, du CARI (BE), de la FNOSAD et du Centre de biophysique moléculaire, ont décliné ce concept au cas des biocides et produits vétérinaires (dont des pesticides) qui sont utilisés en traitement des élevages et qui impactent les pollinisateurs. Les chercheurs ont montré que ces substances à « multi-usages » présentent (entre autres) des risques avérés pour les abeilles et nécessitent de faire l’objet d’une meilleure évaluation avant leur mise sur le marché. Ces travaux avaient été initiés au CBM en 2019 (voir ici).

Référence :     Mahefarisoa KL, Simon Delso N, Zaninotto V, Colin ME & Bonmatin JM (2021) The Threat of Veterinary Medicinal Products and Biocides on Pollinators: A One Health Perspective, One Health, https://doi.org/10.1016/j.onehlt.2021.100237